En lisant ce qui se rapporte au thé, et ainsi à l’histoire humaine en quelque sorte, je tombe sur des noms illustres, mais dont je ne sais pas souvent même plus les grandes lignes de leurs vies. Kubilaï Khan, Empereur de Chine d’origine mongole : pourquoi certaines compagnies artistiques ont pris son nom, qu’a t’il apporté à l’humanité et au thé ou vice-versa ? C’est avec ces questions que j’ai lu tout ce qui me tombait sous la main à son sujet. Voici des extraits, de ces lectures qui m’inspirent et me transportent dans une leçon de vie.
Kubilaï Khan (1215 – 1294), souverain éclairé
Le Mongol qui se fit empereur de Chine
Qui était-il ?
Kubilaï Khan naît en 1215, l’année de la prise de Pékin par l’armée de son grand-père Gengis Khan, tandis que l’année de sa mort correspond au démantèlement de l’Empire mongol.
Kubilaï Khan est élevé dans le respect des traditions mongoles, mais aussi dans celui des autres civilisations. Sa mère Sorgaqtani est une politicienne aiguisée et tolérante, louée par tous ses contemporains lettrés. Chrétienne nestorienne, elle accepte les autres religions, qui permettent notamment de stabiliser certaines parties du royaume, comme pour le Taoïsme ou le Bouddhisme au Tibet.
- L’ascension
Avant de devenir empereur des mongols, Kubilaï s’est vu confié à 21 ans le gouvernement de Xingzhou, situé dans la région actuelle du Hubei, en Chine. Pendant plusieurs années, Kubilaï s’adapte aux mœurs chinoises, en apprend la langue et prépare sereinement son ascension. Il s’entoure de fonctionnaires chinois dont les compétences administratives sont tout aussi décisives que les qualités guerrières de ses sujets mongols. Il constate rapidement que ses habitants fuient sous le poids des taxes et d’un gouvernement trop autoritaire. Il prend alors les choses en main et rétablit la situation en allégeant les taxes, et en plaçant des personnalités locales aux différents postes administratifs. Et il réussit à faire revenir dans son fief, les habitants exilés.
Le thé a une place importante dans son quotidien. Est-ce dû au fait d’avoir passé du temps dans les régions chinoises productrices ou bien parce que le thé, déjà connu pour ses effets brûle-graisse est la boisson idéale pour accompagner les plats riches et gras de la cuisine mongole ?
Kubilaï Khan ordonne la simplification et la centralisation de la production du thé ainsi que sa culture à grande échelle.
- Empereur de Chine !
Afin d’améliorer et d’étendre son règne en Chine profonde, Kubilaï est conscient de l’importance de se montrer indulgent envers les peuples conquis. Il ordonne à son armée d’interdire les massacres une fois une ville prise. Ceci est considéré par les aristocrates mongols comme un outrage envers le monde nomadique mongol, dans lequel il est habituel de massacrer les peuples conquis. Le 5 mai 1260, Kubilaï succède à son frère Möngke, décédé un an avant. En 1271, il établit la première dynastie chinoise d’origine étrangère ; Da Yuan (i.e. la Dynastie de la Grande Origine). Il unifie la Chine en 1279. Il subordonne également tous les royaumes situés à la périphérie de la Chine.
Kubilaï est dès lors Empereur de Chine, même si la résistance des Song entrave le plein exercice de sa souveraineté. Kubilaï parvient à soumettre la Corée en 1273, faire taire les rébellions importunes et finalement donner l’estocade aux Song du Sud en 1279. Ces victoires éclatantes en Corée et en Chine n’aboutissent cependant qu’au prix d’ennuyeux échecs face au Japon et en Asie centrale…
Ce guerrier mongol passe sans remords de la steppe d’Asie centrale aux riches métropoles des provinces maritimes. Il rejette le nomadisme de ses ancêtres mongols au profit du sédentarisme chinois.
Après chaque conquête, Kubilaï met en place une vraie politique de reconstruction et de développement. Il bâtira une nouvelle capitale (qui deviendra Pékin) dans le respect des traditions chinoises, mais conçue par des architectes… musulmans.
L’action du grand Khan ne s’arrête pas là. La libéralisation du commerce et la protection des artisans en fait le moteur du développement économique du royaume. Il est également le premier à mettre en place le papier monnaie pour faciliter les échanges. Tandis que ses experts partent aux coins du monde, il en fait venir d’autres parmi lesquels médecins indiens et astronomes perses.
Kubilaï Khan règne sur l’Empire le plus peuplé, le plus vaste et le plus prospère de son époque. Sous son sceptre la Mongolie, la Chine, l’Inde, l’Afghanistan, la Perse et la moitié de l’Europe.
- Le règne éclairé
Il emploie toujours plus de conseillers venus de tous horizons : des tibétains, des musulmans d’Europe Centrale, encouragés à venir en Chine pour y enseigner les bonnes pratiques du commerce, et des Turcs employés comme traducteurs, précepteurs et fonctionnaires. L’Empereur sait valoriser les talents de chacun, et les fait circuler dans tout son territoire pour créer une région économique stable.
Le gouvernement de l’Empereur « Fils du Ciel » est constitué d’administrateurs chinois, mongols et autres étrangers compétents, tibétains ou turcs, il organise de nombreuses réformes qui relancent l’économie chinoise.
Kubilaï est fasciné par la culture chinoise et il sait qu’il est nécessaire de s’entourer de conseillers chinois confucéens pour régner sur ces terres. Il recrute et sympathise avec beaucoup d’intellectuels chinois, et adopte le service civil chinois pour gouverner les plaines centrales de Chine.
Son ouverture d’esprit, et sa connaissance des différentes cultures, lui permettent même d’arbitrer certaines querelles (dont celle du Taoïsme contre le Bouddhisme) qui menacent la stabilité de son royaume. Enfin, il n’hésite pas à faire construire ou à financer l’édification des monuments propres aux différentes religions.
Pour limiter les velléités de révolte, il entreprend alors de simplifier la machine impériale pour la rendre plus efficace et réactive. Son principal souci : limiter le pouvoir des responsables locaux pour éviter que ceux-ci ne pressurisent la population ou la malmènent… entraînant le risque de saper l’autorité de l’empereur dont ils sont les représentants. Dans le même temps, il encourage l’instruction des paysans.
- Le rayonnement
L’Empire Yuan est un pays ouvert aux voyageurs. C’est à cette époque que Marco Polo se rend en Chine, arrivé à Khanbalik, il est ébloui par les richesses de l’Empereur qu’il qualifie de « plus puissant homme en gens, en terres et en trésors qui fut jamais au monde ».
Kubilaï Khan lui confie d’importantes missions et l’envoie visiter différents endroits dans l’Empire. Par comparaison avec les pays d’Europe et d’Asie de l’ouest, Marco Polo est impressionné par l’immensité et la prospérité de la Chine.
L’Empereur, « Fils du Ciel », par ailleurs s’occupe des arts et des lettres; Kubilaï s’en fait le protecteur jusqu’à sa mort, en 1294.
La peinture et le théâtre connaissent un nouvel âge d’or sous la dynastie des Yuan.
La tolérance religieuse, le soutien économique et le degré d’alphabétisation furent les innovations de ce petit peuple de nomades à diriger tout ce qu’ils pouvaient contempler.
- La chute
L’étendue de son pouvoir est d’une démesure telle qu’il lui est cependant impossible de bâtir des fondations solides et la dynastie qu’il a fondée – comme celle de son grand-père – ne dure pas cent ans, les Chinois reprenant rapidement le pouvoir que les Mongols leur ont confisqué : la dynastie Ming, proprement chinoise, succède à celle des Yuan en 1368.
Cette histoire vous est offerte par le Club des Explorateurs de thé. Partagez-la, si elle vous a plu, commentez, échangeons…
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