2017 et ses séances de thé enchainées
Où ma pratique assidue et publique gagne en efficacité.
Je remplace depuis janvier ma collègue de la Cérémonie japonaise sur ses créneaux, en plus des miens, je suis donc presque tous les dimanches au Musée des Arts Asiatiques.
Les groupes sont toujours hétérogènes, arrivés de tout horizon, parfois par hasard, entrés pour visiter l’architecture et ils s’inscrivent, des touristes vaguement curieux, des parents qui étaient venus à côté pour le parc Phoenix, d’autres accompagnent gentiment leur chacun(e). Souvent il n’y a pas d’amateurs de thé et quand bien même, je choisis toujours de repartir de la base, les couleurs de thé.
Comment créer une harmonie très rapidement et qui va perdurer dans le ressenti…
J’aime beaucoup les moments de grâce qui surgissent de plus en plus souvent. Où les plus récalcitrants, taciturnes, parfois totalement désintéressés par le thé, à la fin de l’heure passée ensemble, sont les plus enthousiastes. Ils ne cessent jusqu’au pas de la porte de poser des questions.
Ces séances là, alors je sais que je les ai réussies.
Pas seulement avec ceux qui se sont senti à leur aise dans cet espace de thé que j’ouvre, mais pour ces connivences créées en un instant, fugaces et pourtant denses.
Quelques extraits des derniers commentaires, ils en disent long sur ce qui se passe lors de cette heure de thé :
- Belle expérience inattendue
- Une parenthèse gustative et olfactive en grande sérénité
- Surprenante découverte, à réessayer à l’infini…
Le lieu participe pour beaucoup à la possibilité de se poser,
taire nos trop pleins de tout. Nos exaspérations.
Nos inadvertances.
J’ai eu sur plusieurs séances, des classes d’adolescents très nombreux et peu cadrés, la magie m’a échappée au départ, j’ai tenté de les rassembler autour du silence, peine perdue. Mais au delà de la faible synergie, je sais au fond de moi, qu’ils emportent au moins une belle qualité de thé, comme une expérience personnelle. Certains me l’ont marqué en fin de séance, contents d’avoir goûté quelque chose d’inconnu. On mesure là l’intérêt d’avoir été aromaticienne un jour, mes sélections de thé ont du « panache sans effort et surtout de l’assurance naturelle » (cf des participants).
Les fois suivantes, j’ai été plus sévère les 1ères minutes avec ces ados, l’encadrante m’a aidée, puis j’ai convoqué à la rescousse l’écriture libre autour des sensations. Cette fois là, ils m’ont proposé de revenir avec leurs parents.
Le thé en entreprise :
Une séance particulièrement significative, invitée à faire découvrir le thé chinois à tout un groupe d’ingénieurs qui travaillent pour une société chinoise et s’y rendent souvent.
J’étais intimidée par leur côté plus chinois dans le temps que moi.
J’ai décidé de faire la séance au sol pour sortir du cadre, déjà bien carré de cette entreprise à haute densité intellectuelle. J’aurais pu préparer un power point et des images évocatrices. Mais j’ai choisi de ne pas le faire, ils en ont assez des écrans, passons du temps sans.
J’aurais voulu prendre des photos avant et après la séance. Là, j’ai un peu réussi à la fin à capter leur mine souriante, à la fois détendue et bien présente. Ce public à l’attention très soutenue, aux questions scientifiques et impliquées m’a poussée à aller chercher encore plus de ressources autres qu’intellectuelles. Pour leur offrir une expérience du ressenti.
On a beaucoup ri ensemble. Nous avons échangé sur nos expériences de voyages en Chine. Ils m’ont remerciée pour les explications claires et utiles et le bienfait du silence : merveilleux ami.
Je note un accueil des plus agréables qu’il m’ait été donné de recevoir, l’organisateur aux petits soins, ce qui joue aussi dans la partition de la réussite, merci Xavier !
Je vais finir sur les fous rires du mercredi, qui vont bon train leur bonhomme de chemin. Tellement contente d’inscrire des séances de thé sur la durée, être capable d’intéresser depuis des mois chaque semaine des fidèles de la 1ère heure, et s’offrir le luxe d’expérimenter à plusieurs, en toute innocence, la pédagogie du thé.
Des liens se tissent durablement, on attend des nouvelles des absents, on attend ce moment de partage et de calme.
Bizarrement dans ces séances, je délaisse mon autorité pour laisser place au libre arbitre, à la bienveillance qui depuis, s’étend de plus en plus loin dans ma vie au delà de ces séances du Club des Explorateurs de thé.
Où comment mon travail me transforme et vice versa.
A suivre, la Toscane et le thé…